Combien êtes-vous prêts à payer pour voir une ville d’en-haut? Une agence internationale de statistiques touristiques vient de publier un intéressant classement : les terrasses panoramiques les plus chères du monde. Sans surprise, le n°1 va à la plateforme du Burj Khalifa de Dubai, actuellement le plus haut gratte-ciel au monde (828 mètres au sommet). Pour admirer la ville du golfe depuis la terrasse du 154e étage à une hauteur de 575 mètres au-dessus du sol, il vous faudra débourser quelque 90 euros; un budget conséquent surtout si vous voyagez en famille, mais que des milliers de touristes chaque année n’hésitent pas à dédier à cette expérience. La Jin Mao Tower de Shangai est la deuxième plus chère (63 euros) bien qu’elle ne soit qu’en neuvième position en terme de hauteur (340 mètres). Le podium est complété par la Canton Tower de Guangzhou en Chine (51 euros/488 mètres). La CN Tower de Toronto, l’Empire State Building, le One World Trade Center et le 30 Hudson Yards de New York, le Tokyo Skytree de la capitale japonaise, la Oriental Pearl Television Tower de Shangai et, seul européen du classement, The Shard de Londres, forment ce Top 10 des tickets d’accès. Le prix le plus bas est de 28 euros (Oriental Pearl Television Tower, Shangai) alors que la plateforme la moins haute se situe au 72e étage de la tour londonienne à 244 mètres. D’autres points de vue élevés qui ne sont ni les plus hauts, ni les plus chers, génèrent un afflux touristique majeur, telle la Tour Eiffel (environ 100 millions de chiffre d’affaires annuel) ou le Rockfeller Center de New York.

Qu’en est-il en Suisse? La tour Roche de Bâle culmine à 178 mètres et occupe la première place parmi les plus hauts bâtiments de Suisse. Aucune terrasse n’y est accessible au public. A la deuxième place, la Prime Tower de Zurich atteint les 126 mètres de haut. Le restaurant Clouds occupe le dernier niveau; la vue sur Zurich est donc accessible à condition de consommer et le plus souvent sous réservation. Inaugurée en 2003, la Messeturm de Bâle a été la première de Suisse à dépasser la barre symbolique des cent mètres (31 étages/105 de haut). Le «Red Bar» du dernier niveau offre une belle vue sur la cité rhénane. Dans la suite du classement helvétique, des immeubles de bureaux ou de logements, mais aucune attraction majeure, aucune plateforme panoramique ou rooftop prêts à attirer les touristes.

Plusieurs projets de tours sont actuellement en développement en Suisse romande. Le PAV genevois promet des gratte-ciels dans le secteur de l’Etoile; les premiers bâtiments ayant été construits sont certes un peu plus hauts que la moyenne (60 mètres pour l’une des trois tours), mais ni le secteur, ni l’architecture (trop sage), ni la terrasse (inexistante) ne constituent un point d’intérêt. A Chavannes-près-Renens, la magnifique forêt verticale de la Tour des Cèdres (la seule que tout le monde se réjouissait de voir pousser) attend que ses promoteurs fassent la paix. A Prilly, les futurs tours de Malley n’ont pas encore de vrai visage.

Saurons-nous transformer ces opérations immobilières en fierté, attractions ou point d’intérêt? Architectes, promoteurs et politiques oseront-ils enfin faire preuve d’audace et de créativité ?