ECA LausanneLe nouveau siège de l’ECA (Etablissement cantonal d’assurance contre l’incendie et les éléments naturels) abrite également les trois centrales d’urgence du canton de Vaud, soit le 118, le 117, le 144, ainsi que la Protection civile vaudoise et les infrastructures de l’Etat-major cantonal de conduite (EMCC). Le regroupement sur le même site de ces cinq structures d’urgence est unique en Suisse !

Le dérèglement climatique, ainsi que l’urbanisation et la démo- graphie toujours croissantes multiplient la fréquence, la violence et l’impact des catastrophes naturelles. Le montant des dégâts et le nombre de victimes sont, d’année en année, toujours plus lourds. Le phénomène est évident, en Suisse également, comme le confirment les événements de l’été passé.

Les événements naturels destructeurs sont appelés à devenir plus fréquents et plus dévastateurs. Les compagnies d’assurance et réassurance seront donc appelées à inter- venir plus souvent et pour des montants toujours plus importants à moyen et long terme.

Né en 1811, l’ECA est un établissement d’intérêt public auquel le canton de Vaud a confié les missions de prévention des sinistres, de défense incendie et secours, ainsi que d’assurance. Face à des défis qui se diversifient et augmentent, l’ECA s’évertue à être à la pointe de la connaissance et de la technologie. Sa capacité à protéger la population et à maintenir les primes à un niveau avantageux, dépend de ses compétences en gestion de risques. A cette fin, une meilleure exploitation et valorisation de ses données (600000 polices d’assurance, 250 000 bâtiments assurés, 350 véhicules) et une plus grande interaction entre les trois domaines d’intervention de l’ECA (prévention, défense et secours, assurance) sont essentielles.

Le nouveau bâtiment inauguré récemment sur les hauts de Lausanne va exactement dans ce sens. Afin de favoriser l’innovation, il vise à favoriser les échanges d’idées et les interactions entre toutes les équipes de l’ECA regroupant plus de cent métiers différents. Le bâtiment illustre également la volonté d’une plus grande transparence et communication avec la population par la création d’une grande exposition et d’espaces ouverts au public. La nouvelle construction est surtout l’occasion de générer une réflexion globale parmi tous les services de sécurité du canton qui, dès 2022, verront se regrouper ici toutes les centrales vaudoises des numéros d’urgence (117/Police, 118/Pompiers, 144/Ambulances et centrale des médecins de garde), ainsi que les infrastructures de l’État-major cantonal de conduite (EMCC), du commandement cantonal de la Protection civile (PCi-VD) et de la future centrale de Gestion coordonnée du trafic de l’agglomération Lausanne-Morges (GCTA). Les 190 opérateurs spécialisés de ces divers services reçoivent actuellement en moyenne plus de 2700 appel par jour (117: 1400 appels/jour, 144 : 400 appels/jour, 118 : 350 appels/jour, centrale des médecins de garde : 575 appels/jour).

UN UNIVERS, QUATRE MONDES

Issu d’un concours organisé en 2014, le projet conçu par le bureau Architram SA a d’abord convaincu le jury par sa capacité à réunir l’ensemble du riche programme dans un bâtiment relativement compact au plan pratiquement carré. Cee faible emprise au sol permet de préserver et de mere en valeur le site historique de la Grangee dans lequel il s’insère. Située en contre-bas de l’aérodrome de la Blécheree, la parcelle est longée par une forêt et entourée de champs et d’espaces verts. Les deux bâtiments historiques – autre- fois une clinique et une habitation – n’occupent qu’une petite partie du terrain, tout au bout du chemin.

Inspirés par le principe des poupées russes, les architectes transforment les contraintes sécuritaires en concept et placent la centrale d’alarme au cœur du bâtiment. Partant de là, les espaces demandant progressivement moins de sécurité sont ajoutés en couches successives. Le tout s’articule entre deux étages de parking souterrains et le patio central.

La coupe transversale fait à nouveau apparaître la qualité et la clarté de ce concept qui se décline également dans la matérialité. Les sous-sols, creusés dans la terre, sont minéraux, presque caverneux (niveaux -2, -3: parkings de 129 et 130 places). Les niveaux inférieurs (-1 et rez-de-chaussée inférieur) sont ceux de la centrale d’appel; ici le béton et l’inox expriment sécurité et fonctionnalité.

Le rez-de-chaussée supérieur est l’étage public. Vaste, vitré et fluide, il se compose de verre et de bois, distillant une ambiance accueillante, chaleureuse et ouverte. Un escalier monumental aire le visiteur vers le newswall (écrans de présentation, carte des interventions en cours, portraits, etc.) et les espaces d’exposition. Le desk d’accueil oriente vers la cafétéria ou le restaurant, vers l’une des salles de réunion ou les divers étages. L’escalier hélicoïdal qui, d’une pièce, traverse tous les étages aire tous les regards et ajoute sa verticalité aérienne à l’élégance de l’ensemble. Ce niveau se distingue en façade par son revêtement lisse et parfaitement transpa- rent et un léger décrochement qui amplifie sa surface.

Les étages supérieurs sont réservés aux bureaux de l’ECA. Les volumes sont ici très lumineux, l’ambiance est à la fois dynamique et feutrée. Les plateaux sont organisés en open spaces et rythmés par des zones de rencontre et d’échange (canapés et tables basses, tables hautes, petites salles de réunion fermées, box d’isolement, cafétérias, etc.). Les façades de ces niveaux sont plus travaillées et un jeu de verres inclinés dessine une surface structurée qui offre, de l’extérieur, une cer- taine privacité aux espaces de travail.

Au-dessus, une partie de la toiture est aménagée en terrasse et pourra être utilisée pour des événements. C’est aussi là que seront installés de nombreux éléments techniques, des antennes de communication, ainsi que des panneaux solaires.

L’aspect global de la façade, la volumétrie des petites salles et box, ainsi que les escaliers sont les éléments unitaires de la composition que l’on retrouve indistinctement dans les quatre mondes que sont le parking, l’étage public, la centrale d’urgence et les bureaux.

Les travaux débutent en 2018. Un champ de sondes géothermiques (320 m de profondeur, 7,5 km de linéaire) est réalisé dès la fin du terrassement. Le bâtiment répond aux exigences du label Minergie P et, comme tous les bâtiments institutionnels liés au canton, se doit d’être exemplaire tant au niveau écologique qu’énergétique. Cela se traduit par une façade ultra performante, l’utilisation de la géothermie et de l’énergie solaire, une empreinte au sol limitée et un choix de matériaux écoresponsables. Les dalles de grande portée sont allégées grâce au système d’intégrés Cobiax.

Il s’agit bien sûr d’un bâtiment hautement technologique dans lequel toutes les installations doivent répondre à des exigences de sécurité hors norme. Des générateurs permettent d’assurer l’autonomie de la centrale d’urgence pendant près d’une semaine. Quelque 700 km de câbles électriques et 250 km de câbles informatiques sont mis en place. Tous les systèmes bénéficient d’une redondance afin de parer à toute panne. Des parois blindées sont prêtes à sécuriser les zones les plus sensibles même face à une attaque au camion bélier. Ces exigences ont constitué un problème complexe pour les architectes qui ont dû juxtaposer avec doigté ces zones ultra-sécurisées avec des zones publiques.

Le bâtiment a été inauguré officiellement le 13 octobre dernier. Les collaborateurs de l’ECA prennent progressivement possession de leurs nouveaux bureaux, tandis que le transfert des centrales d’urgence demande encore plusieurs mois de mise en place et de vérification.

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